L’auteur d’une loi remarquable
Louis-Philippe Pigeon occupe une place unique dans l’histoire du développement de l’électricité au Québec. À titre de conseiller juridique (1940-1944) du premier ministre Adélard Godbout, il est d’abord l’auteur de la loi remarquable qui a donné naissance à Hydro-Québec. Vingt ans plus tard (1960-1966), il devient conseiller du premier ministre, Jean Lesage, alors que s’amorce la seconde phase de la nationalisation et qu’Hydro-Québec est autorisée à acquérir la quasi-totalité de l’énergie produite par la centrale des Churchill Falls, au Labrador.
Pour rédiger la Loi sur Hydro-Québec, Pigeon s’inspire surtout de l’expérience de la Tennessee Valley Authority (TVA), une société d’État qui allie, selon le vœu du président américain F. D. Roosevelt, « la force de l’État et la souplesse de l’entreprise privée ». Louis-Philippe Pigeon confie à Hydro-Québec un mandat clair, laissant peu de place à des interprétations divergentes. Il lui confère également une large autonomie de gestion afin de la mettre à l’abri d’interventions politiques arbitraires. Il l’assure enfin, dans sa loi constitutive, de tous les moyens financiers dont elle a besoin pour poursuive son expansion sans devoir recourir au « bon vouloir » de l’État.
Dès 1944, Pigeon s’assure que la société d’État pourra éventuellement, avec l’autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, « acheter des actions ou autres valeurs de toute compagnie détenant des forces hydrauliques ». Cet article de la Loi d’Hydro-Québec deviendra, en 1963, la clé de voûte de la seconde phase de la nationalisation de l’électricité au Québec.
D’une discrétion presque légendaire, Pigeon terminera sa carrière comme juge de la Cour suprême du Canada (1967-1980).