L’aménagement des rivières Manicouagan et aux Outardes ne va pas sans peine. Les ingénieurs doivent résoudre des problèmes inattendus à chaque site choisi pour la construction d’une centrale. Théâtre de nombreux exploits techniques, le chantier devient une sorte de symbole de la « révolution tranquille » :
- Manic-5 est le plus grand barrage à contreforts et à voûtes multiples du monde. À l’emplacement où il sera construit, on doit nettoyer le sillon de la rivière des dépôts alluvionnaires jusqu’à une profondeur de plus de 50 mètres. Les travailleurs baptiseront cet endroit « la dent creuse » de Manic-5. À l’occasion de l’Exposition universelle de Montréal, en 1967, les visiteurs du Pavillon d’Hydro-Québec peuvent visionner les travaux de bétonnage sur un écran géant. Le jour de l’inauguration du barrage, le 25 septembre 1968, le premier ministre, Daniel Johnson, décède ; un an plus tard, Manic-5 devient le barrage Daniel-Johnson.
- Manic-2 est le plus grand barrage à joints évidés du monde. Toutes les installations – le barrage, la prise d’eau, les conduites forcées, le déversoir, la centrale et le poste élévateur de tension – sont intégrées dans un même ouvrage aux proportions fort harmonieuses.
- Sur le site de Manic-3, on découvre une autre « dent creuse » qui plonge à plus de 120 mètres dans le lit de la rivière Manicouagan ; il faut donc construire un double mur d’étanchéité afin d’éviter que l’eau s’infiltre sous le barrage.
- Les sites aux Outardes-3 et aux Outardes-4 réservent aussi des surprises aux constructeurs : les « marmites de géant », sortes de cavités poreuses dont on découvre l’existence à une profondeur inusitée et qu’il faut évider et colmater avec du béton afin d’assurer l’étanchéité des barrages.
- Sept centrales dont la construction s’étale sur une vingtaine d’années composent l’ensemble du complexe Manic-Outardes : les centrales Manic-1, Manic-2, Manic-3 et Manic-5 (barrage Daniel-Johnson), ainsi que les centrales aux Outardes-2, aux Outardes-3 et aux Outardes-4.
- Afin de répondre aux besoins de pointe du réseau d’Hydro-Québec, une centrale de suréquipement, Manic-5 PA (puissance additionnelle), est mise en service en 1989. Dans le but de prévenir la fissuration du béton et de protéger le barrage Daniel-Johnson contre les effets des grands écarts de température, fréquents à la latitude de Manicouagan, un confortement thermique est installé, en 1991, dans 9 des 13 voûtes du barrage. Les cache-pieds épousent parfaitement la forme des voûtes et n’enlèvent rien à l’esthétique du barrage.