S’assurer d’avoir assez d’énergie

Bloc d’électricité patrimoniale

En 2000, le gouvernement du Québec a désigné « bloc d’électricité patrimoniale » l’énergie des centrales hydroélectriques construites au Québec au siècle dernier. Le Producteur est tenu de fournir cette énergie au Distributeur à un prix très avantageux, à l’intention de la clientèle québécoise. Il s’agit en quelque sorte d’un dividende consenti aux Québécois pour refléter l’investissement collectif dans le développement judicieux du potentiel hydroélectrique par le passé.

Ce bloc d’énergie se chiffre à 165 TWh, ce qui représentait en 2018 environ 90 % de l’énergie électrique consommée annuellement au Québec.

Contrats d’approvisionnement pour les besoins au-delà du bloc d’électricité patrimoniale

Pour répondre aux besoins du Québec qui dépassent le bloc d’électricité patrimoniale, le Distributeur doit signer des contrats d’approvisionnement avec des fournisseurs d’électricité au terme d’appels d’offres.

Lorsque le Distributeur lance un appel d’offres pour combler des besoins futurs d’énergie ou de puissance, tous les fournisseurs d’électricité, y compris le Producteur, peuvent soumissionner, à condition que leur offre permette à Hydro-Québec de respecter les critères approuvés par la Régie de l’énergie. Ces critères reposent sur trois grands principes :

  • assurer la fiabilité du service d’électricité ;
  • favoriser les sources d’énergie renouvelables ;
  • obtenir les meilleurs prix possible.

Afin de diversifier ses approvisionnements futurs en électricité, Hydro‑Québec possède un atout majeur : les très grands réservoirs d’eau de ses centrales hydroélectriques. Grâce à eux, elle peut utiliser de l’énergie renouvelable provenant de sources dites « intermittentes », c’est-à-dire qui peuvent produire de l’électricité seulement dans certaines conditions.

Lorsqu’il vente ou qu’il fait soleil, les éoliennes et les centrales solaires fournissent de l’électricité au réseau, et on peut alors diminuer d’autant la production des centrales hydroélectriques adossées à un réservoir en refermant un peu leur « robinet ». L’eau qu’on s’abstient de turbiner pendant ce temps reste dans le réservoir, et sera disponible pour produire de l’électricité plus tard quand ce sera nécessaire.

Ainsi, grâce à la flexibilité inhérente à l’hydroélectricité, Hydro-Québec a la capacité d’intégrer dans son réseau des énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien et le solaire.

Économies d’énergie et efficacité énergétique

Pour répondre à un besoin futur, le meilleur kilowattheure, c’est celui qu’on gaspillait hier et qu’on ne gaspillera pas demain. C’est pourquoi Hydro-Québec met en place des programmes et des outils pour sensibiliser ses clients à leur consommation d’énergie et pour les informer sur différents moyens de la réduire intelligemment.

Les consommateurs ont le dernier mot sur les économies qu’ils feront, mais les mentalités évoluent et l’on observe une tendance de fond vers une consommation responsable de l’énergie.

Tout le monde gagne à ne pas gaspiller : les dépenses d’Hydro-Québec n’augmentent pas inutilement, et les clients voient baisser leur facture d’électricité.

Défi des pointes de consommation

Les pointes de consommation d’électricité correspondent aux moments où la demande en électricité est la plus élevée pendant une période donnée.

Au Québec, les pointes les plus importantes se produisent en hiver lors de journées très froides, souvent au début de la matinée ou en fin de journée, en raison des besoins de chauffage et de l’intensité des activités commerciales et industrielles.

Comme vous le savez peut‑être, la production d’électricité doit toujours égaler la demande, en tout temps, à chaque minute.

Le réseau électrique doit réagir en temps réel. Si la demande augmente, il faut produire plus d’électricité et il faut des lignes avec une capacité suffisante pour transporter cette électricité partout où on en a besoin.

Cette réalité a une conséquence importante : le réseau électrique doit être construit pour répondre aux plus fortes demandes qui peuvent survenir pendant l’année, même si elles sont de courte durée.

Il est donc important de diminuer l’ampleur des pointes de consommation, afin d’éviter la construction d’équipements qui ne serviraient que quelques jours par année.

À l’avenir, le réseau électrique devra faire face à des pointes hivernales qui risquent de devenir de plus en plus élevées avec l’ajout de charges de chauffage et l’électrification des transports.

De plus, la gestion des pointes en été, causées par la climatisation lorsqu’il fait très chaud, présente aussi des défis.

Bien sûr, au Québec, les pointes sont moins élevées en été qu’en hiver. Mais c’est surtout l’été que l’on fait les travaux d’entretien nécessaires dans les centrales et sur les lignes. Il y a donc moins d’installations pour faire face à ces pointes.

De plus, comme c’est l’air ambiant qui dissipe la chaleur dégagée par les lignes de transport, le refroidissement par l’air est moins efficace lorsqu’il fait très chaud, ce qui diminue la quantité d’électricité qu’une ligne peut transporter.

Aplanir les pointes de consommation

Pour bien apprécier les proportions entre la demande lors des pointes de consommation et les moyens disponibles pour aplanir ces pointes, rappelons qu’en 2019 la pointe maximale anticipée – en tenant compte des réserves – était de l’ordre de 42 000 MW, alors que le creux de la consommation cette même année se situait autour de 15 000 MW.

Les moyens actuellement disponibles pour aplanir les pointes grâce à la participation active de nos clients représentent environ 3 000 MW sur un horizon d’une dizaine d’année.

Pour aplanir les pointes de consommation, la participation de nos clients est essentielle

Une part importante de la capacité d’aplanir les pointes de consommation est entre les mains de nos clients. Hydro‑Québec met de l’avant des produits et des services pour optimiser la consommation d’énergie en général, ainsi que des programmes qui ciblent plus particulièrement les pointes de consommation. Ces programmes sont adaptés aux différents types de clientèle.

Voici un très bref aperçu des moyens d’aplanir les pointes de consommation. Certains offrent un potentiel élevé, mais seulement dans une région particulière, alors que d’autres peuvent avoir un impact parfois moins important, mais partout sur le territoire.

Clientèle de grande puissance : charges interruptibles

Depuis plusieurs années, Hydro‑Québec offre cette option à certains clients particulièrement énergivores, par exemple de grosses papetières. En période de pointe, Hydro‑Québec peut demander à ces clients d’arrêter ou de ralentir la production ou certains procédés industriels afin de réduire temporairement leur consommation électrique.

Clients d’affaires et institutionnels : option de gestion de la demande de puissance

L’option de gestion de la demande de puissance s’adresse aux petites et moyennes entreprises industrielles ainsi qu’aux clients commerciaux et institutionnels. Il encourage la mise en place de mesures pour diminuer la puissance demandée pendant les périodes de pointe hivernales désignées.

L’installation de batteries de grande capacité peut aussi contribuer à limiter les pointes de consommation et dépanner momentanément lors d’une interruption de courant.

Clientèle résidentielle : service de maison intelligente Hilo

Ce service de gestion intelligente de l’énergie permet, entre autres, de chauffer un peu plus une résidence avant une période de pointe, puis d’abaisser la température de consigne des thermostats de quelques degrés pendant la période de pointe, le tout automatiquement. Globalement, la consommation d’énergie se maintient, mais elle est réduite pendant la pointe.

On pourrait aussi appliquer la même stratégie aux chauffe‑eaux. Il faut toutefois s’assurer qu’une baisse temporaire de la température de l’eau n’entraînera pas de prolifération bactérienne. Un avis favorable concernant cette option a été délivré par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en mai 2019 sous réserve de l’utilisation d’un chauffe-eau répondant aux critères antibactériens.

Le développement et la promotion de ce type de service ira en augmentant dans les prochaines années et pourraient s’étendre à certains clients commerciaux, industriels et institutionnels.

Clientèle résidentielle : tarif Flex D

Le tarif Flex D permet à la clientèle résidentielle de réaliser des économies l’hiver en réduisant sa consommation d’électricité à la demande d’Hydro‑Québec, pendant les événements de pointe.

Ressources énergétiques installées chez les clients

Dans ce monde, tout évolue – et de plus en plus vite d’ailleurs. Ainsi, certaines technologies sont appelées à se répandre chez les clients d’Hydro‑Québec, notamment résidentiels. Au‑delà d’une certaine masse critique, elles ont le potentiel de soulager le réseau électrique en période de pointe.

Batteries

Les systèmes de stockage par batteries ont un bon potentiel sur le marché résidentiel. Généralement destinés à être reliés à des panneaux photovoltaïques, ces systèmes sont de plus en plus installés à des fins d’alimentation de secours en cas de panne de courant. Or, ils pourraient également être programmés ou commandés à distance pour alimenter des charges résidentielles en période de pointe, soulageant d’autant le réseau électrique.

On pourrait aussi étendre ce principe aux batteries de véhicule électrique. Lorsque celui-ci est branché au système électrique de la résidence pour la recharge, ses batteries pourraient répondre temporairement à certains besoins de la résidence lors des pointes.

Panneaux photovoltaïques

Les panneaux photovoltaïques installés chez les clients ont peu d’efficacité pendant les périodes de pointe en hiver, qui surviennent généralement en début ou en fin de journée. Par contre, cette production décentralisée peut aider à diversifier notre portefeuille énergétique.

Les réservoirs des centrales hydroélectriques : de gigantesques batteries

Aussi commodes que soient les batteries pour diminuer la consommation d’électricité particulièrement lors de périodes de pointes ou en cas de panne, elles ne remplaceront jamais nos réservoirs, qui sont comme des batteries géantes.

En effet, la capacité de stockage de nos réservoirs est de 173 térawattheures, soit l’équivalent en stockage de 173 millions de batteries réseau de 1 mégawattheure ou de presque 3 milliards de batteries de véhicule électrique de 60 kilowattheures.

Batteries de grandes capacité

Des batteries de très grande capacité – de l’ordre de 1 MW – constituent une autre option pour aplanir les pointes. Si les coûts de ces équipements de réseau diminuent, ils pourraient devenir intéressants pour fournir un surplus d’électricité pendant les pointes de consommation. En effet, les batteries se chargeraient pendant les périodes où la consommation est plus faible afin de fournir l’électricité emmagasinée pendant les périodes de pointe.