1930-1944 – La marche vers l'étatisation
Les entreprises d’électricité sont prospères, mais leur image auprès du public n’est pas très reluisante. Des chefs de file du monde politique et des milieux universitaires dénoncent avec force les abus dont elles se rendent coupables : tarifs élevés, service de piètre qualité, profits exorbitants, pratiques comptables douteuses, refus de desservir adéquatement les milieux ruraux, arrogance face aux tentatives du gouvernement pour réglementer le commerce de l’électricité. Dans un geste des plus courageux, le premier ministre, Adélard Godbout, décide d’exproprier les actifs électriques et gaziers du puissant monopole que constitue la Montreal Light, Heat and Power. Il en confie la gestion à une société d’État : la Commission hydroélectrique de Québec. Le 14 avril 1944, on assiste à la naissance d’Hydro-Québec.
1934
Une commission d’enquête, la Commission Lapointe
La crise économique du début des années 1930 secoue l’Amérique. L’activité industrielle ralentit, et le chômage s’installe. Les contestations se font de plus en plus vives à l’endroit des entreprises d’électricité. Le gouvernement libéral d’Alexandre Taschereau est forcé d’agir. Il crée une commission d’enquête, la Commission Lapointe, qui dépose son rapport un an plus tard. Celle-ci dénonce certaines pratiques des entreprises d’électricité, mais ne se prononce pas en faveur de la nationalisation. Elle prône plutôt la mise en place de la Commission provinciale de l’électricité, un organisme qui réglementerait tous les aspects du commerce de l’électricité.
1943
La fin d’un monopole arrogant
Les organismes de réglementation se succèdent dans le sillage de la Commission Lapointe, mais ne parviennent pas à jouer leur rôle efficacement. La Montreal Light, Heat and Power refuse systématiquement d’ouvrir ses livres.Télesphore-Damien Bouchard, un ministre influent au sein du gouvernement d’Adélard Godbout, réclame la nationalisation pure et simple de la Montréal Light, Heat & Power. Loin d’obtempérer, le monopole montréalais mène une virulente campagne de publicité pour dénoncer les intentions d’Adélard Godbout d’exproprier ses actifs. Malgré les difficultés liées à la Seconde Guerre mondiale et en dépit des critiques incessantes dont il est l’objet, particulièrement dans la presse d’affaires, Godbout passe aux actes.
Les actionnaires de la MLH&P seront dédommagés dès 1947 alors que ceux de la Beauharnois Light, Heat and Power et de la Montreal Island Power Company ne le seront qu’en 1953, après un long processus d’arbitrage devant les tribunaux.
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La naissance d’Hydro-Québec
Le vendredi 14 avril, après la fermeture de la Bourse, le gouvernement libéral d’Adélard Godbout adopte la Loi établissant la Commission hydroélectrique de Québec. Cette loi exproprie « tous les biens meubles et immeubles servant à la production, à la transmission (sic) et à la distribution du gaz et de l’électricité. » de la Montreal Light, Heat and Power Consolidated et de ses filiales, la Montreal Island Power Company et la Beauharnois Light, Heat & Power Company. La nouvelle société d’État, Hydro-Québec, hérite d’un réseau de gaz et de quatre centrales hydroélectriques : les centrales de Chambly, des Cèdres, de la Rivière-des-Prairies et de Beauharnois. Pour rédiger la loi qui donne naissance à Hydro-Québec, Godbout fait appel à Louis-Philippe Pigeon, un jeune professeur de droit constitutionnel de l’Université Laval.
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