Collection Hydro-Québec
Au début des années 1960, nous avons commencé à acquérir des œuvres d’art dans le but d’agrémenter nos espaces de travail et d’appuyer les artistes professionnels contemporains. Au fil des ans, nous sommes devenus plus sensibles à la question de la représentation des cultures autochtones au sein de notre collection. C’est pourquoi nous veillons maintenant à l’enrichir d’œuvres d’artistes autochtones.
Nous espérons par cette démarche amplifier la voix des artistes autochtones et souligner la vitalité de leurs pratiques. Voici quelques exemples d’œuvres autochtones intégrées à notre collection :

Nipakittuk (Quiet),
Planches à roulettes et peinture en aérosol
(20) 19,7 x 78,7 cm
© Mark Igloliorte
Nipakittuk (Quiet) est une imposante installation murale de Mark Igloliorte (1977-). Elle est composée de 20 planches à roulettes sur lesquelles sont peints, au pochoir et à la bombe aérosol, des mots en inuktitut dont nalautsâk (essayer et deviner juste), nâlak (écouter) et pitsiak (faire avec soin). Ces mots reflètent l’apprentissage de l'inuktitut par l’artiste, auquel celui ci associe tant le processus artistique que le sport de la planche à roulettes qu’il pratique depuis l’adolescence : tous deux sont le fruit d’efforts, de reprises, de revers et de succès.
Composition (Blue and Green Landscape),
Aquarelle et encre sur papier
30 x 68,5 cm
© Niap
Nous imaginons souvent le Nunavik comme une terre enneigée, inhospitalière et vide. Deux aquarelles figurant dans notre collection contredisent cette perception. Elles ont été réalisées par Niap (née en 1986), une Inuite ayant grandi sur ce territoire riche en flore et en faune. L’artiste a peint avec de l’eau puisée dans la rivière Koksoak qui traverse Kuujjuaq, son village natal. Pour elle, cette eau serait dotée d’un esprit et déciderait des couleurs pour créer son propre paysage.

Flamme froide II,
Huile sur toile
130 x 140 cm
© Rita Letendre
Lauréate du Prix du Gouverneur général du Canada (2010), Rita Letendre est née en 1928 d’une mère abénakise et est l’une des figures marquantes de l’art abstrait du pays. Ce tableau combine les deux pôles que l’artiste tentait depuis des années de réconcilier, soit une structure solide et une vive intensité. Il n’est pas sans évoquer une certaine activité géologique : les tremblements de terre ou le torrent de la lave en fusion, impression renforcée par la générosité des empâtements, l’exécution à la spatule, mais aussi l’emploi d’une palette chaude.
She-Shaman Wants to Be a Mermaid,
Stéatite, andouiller de caribou, corne de bœuf musqué, albâtre et encre de Chine
43 x 65 x 15 cm
© Mattiusi Iyaituk
Hydro‑Québec a acquis deux sculptures de Mattiusi Iyaituk (né en 1950), artiste originaire du Nunavik nommé Compagnon des arts et des lettres du Québec en 2018. Iyaituk évoque la transformation chamanique en incrustant des matériaux organiques (andouiller de caribou, corne de boeuf musqué) dans la stéatite et la serpentinite puisées à même le sol, comme s’il souhaitait animer la pierre. Ses oeuvres exhibent un imaginaire qui, pendant des millénaires, a été exprimé oralement ; elles témoignent d’une volonté de faire connaître la culture inuite, de l’affirmer et de la préserver.

Kakwotehi / Cœur‑porc‑épic,
Tissu, piquants de porc‑épic et panneau de polystyrène extrudé
122 cm de diamètre x 9,5 cm de profondeur
© Eruoma Awashish
Cette œuvre de l’artiste atikamekw nehirowisiw Eruoma Awashish (née en 1980) évoque le concept du waskamatisiwin, ou « vivre en toute conscience dans l’équilibre du cercle ». Sa forme circulaire suggère que l’homme n’est pas centre et maître de la création, mais se trouve bien à l’intérieur du cercle, comme tous les êtres vivants dont il dépend, tandis que le motif du cœur — composé de piquants de porc‑épic — symbolise le tambour qui résonne et qui rassemble.

Between the Start of Things and the End of Things I, II and III,
Épreuves à développement chromogène
101,6 cm x 152,4 cm
© Meryl McMaster
D’origine britannique, néerlandaise et nêhiyaw (crie des plaines), Meryl McMaster (née en 1988) se transforme, d’une photographie à l’autre, en personnages allégoriques qui varient selon le contexte, mais aussi selon les costumes et les accessoires qu’elle fabrique en atelier. Dans cette œuvre, elle représente un messager envoyé par le monolithe, sage témoin des innombrables cycles de la vie. Situé en Saskatchewan et déplacé par la fonte des glaciers il y a environ 14 000 ans, ce rocher constituait autrefois un point de rassemblement pour les Cris des plaines, puis les colons européens. Il semble dire l’urgente nécessité de prendre soin de l’environnement et nous rappeler notre rôle, en tant que partie d’un tout, dans la préservation de celui ci.

Creatura Dada (capture vidéo),
Vidéo numérique, 1/3
2 min 55 s
© Caroline Monnet
Creatura Dada est un film sans dialogue réalisé par Caroline Monnet (née en 1985), une artiste multidisciplinaire aux origines française et anishnabe. Il célèbre six femmes artistes, autochtones et francophones, issues de trois générations différentes et résidant à Montréal. Vêtues d’élégants vêtements, celles ci s’amusent en partageant un copieux repas ; elles y sont dépeintes dans toute leur vitalité, de manière exubérante et excentrique, soit à l’opposé de l’image sombre et réductrice généralement véhiculée par les médias.