Les artisans des canots

Plus de trois millénaires séparent le peuple de l’ocre de la période où les artisans des canots s’affairaient à l’entretien et à la fabrication de leurs embarcations. Ils se sont installés sur une terrasse du bassin supérieur de la Romaine (site EiCw-002), au point de rencontre de la rivière romaine (PK 214 en rive droite) et de la rivière Jérôme (rive gauche). Ces artisans ont aménagé la terrasse naturelle qui, par sa surface uniforme, se prêtait bien au déroulement de leurs activités. La fabrication ou la réparation des canots paraît avoir été leur principale activité, exercée de façon discontinue. Les matières et les objets qu’ils ont utilisés ont des liens tant avec la côte du golfe du Saint-Laurent, dans le secteur de l’estuaire et de l’embouchure de la Romaine, qu’avec la côte du Labrador.

La terrasse choisie par les artisans des canots est située à environ 3,30 m au-dessus des hautes eaux. Les travaux d’entretien et de construction des embarcations se sont déroulés entre 3 720 et 3 470 ans AA.

La construction et l’entretien d’un canot

La construction et l’entretien des canots exigent non seulement une habileté hors du commun, mais aussi un outillage adapté. Les différentes tâches sont réparties dans l’espace et structurées en étapes précises. Il y va de la survie et de la cohésion du groupe, qui doit parcourir de longues distances au gré des déplacements des animaux, principales sources de nourriture et de vêtements. Chacun, selon sa spécialité, se concentre sur son travail dans la partie de la terrasse qui lui est attribuée.

Site EiCk-002. Détail d'une fosse utilisée pour la confection du brai végétal.

Le brai végétal tiré de l’écorce de bouleau

Les populations préhistoriques savaient comment préparer du brai végétal et s’en servaient comme adhésif autant que comme antiseptique. Appliqué sur les bords des feuilles d’écorce de bouleau, le brai les relie solidement et en assure l’étanchéité. La résine de pin est aussi utilisée comme liant et étanchant. Ces deux types de brai – à base de bouleau ou de pin –étaient en usage sur le territoire québécois.

Les âges avant aujourd’hui (AA) sont exprimés en nombre d’années comptées vers le passé à partir de l’année 1950 de notre calendrier.

L’outillage et son usage

Le nombre d’outils spécialisés entrant dans la fabrication d’un canot est impressionnant. Chacun d’entre eux a son utilité particulière.

Le burin sert à pratiquer des incisions et à découper des peaux, du bois, des os ou de l’écorce. Au site des artisans des canots, ce sont surtout des chutes de burin qui ont été mises au jour.

Outils en pierre taillée. Chutes de burin.

La chute de burin est le résidu de l’affûtage d’un burin : un coup sur l’un des pans du biseau permet d’enlever l’arête émoussée et de recréer le tranchant. Autrement dit, une chute de burin correspond à la partie active d’un ancien outil.

Un grand nombre de galets de surface ont contribué sommairement à certaines tâches associées à la fabrication ou à l’entretien des canots.

Deux polissoirs ont servi à lisser la surface des écorces. Les traces d’usure témoignent qu’ils ont aussi servi à travailler le bois. Ces outils ont été utilisés sur de petites surfaces ou des surfaces étroites. En outre, plusieurs galets ont été en contact avec des matières abrasives, comme le bois. En raison de la faible largeur de ces outils, du sens de leur utilisation et de leur usure uniforme sur la largeur, ils auraient été utilisés sur une surface relativement étroite, qui pourrait être celle du plat-bord ou des membrures du canot. Certains de ces galets présentent une surface très usée et rougeâtre, typique du broyage de l’ocre.

Le foret permettait de percer l’écorce, tandis qu’on enlevait la graisse des peaux avec le grattoir, qui servait aussi à donner une forme aux os. On employait la pierre à corroyer pour assouplir l’écorce, avant de courber cette dernière pour couvrir l’armature du canot.

Le broyeur et la meule sont les outils les plus efficaces pour réduire l’ocre en poudre.

Diaporama

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  • Voir l’image agrandit de Polissoir long de 7 cm ayant aussi été utilisé comme broyeur, probablement d'ocre (EiCw-002 T-10105).
  • Voir l’image agrandit de Polissoir long de 9 cm (EiCw-002 T-10463).
  • Voir l’image agrandit de Polissoir rainuré d’à peine 6 cm de largeur. Les rainures ont été causées par le passage de l’outil sur une surface étroite, tel que le plat-bord du canot (EiCw-002 T-10781).
  • Voir l’image agrandit de Foret (EiCw-002 T-000).
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  • Voir l’image agrandit de Grattoir (EiCw-002 T-000).
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  • Polissoir long de 7 cm ayant aussi été utilisé comme broyeur, probablement d'ocre (EiCw-002 T-10105).
  • Polissoir long de 9 cm (EiCw-002 T-10463).
  • Polissoir rainuré d’à peine 6 cm de largeur. Les rainures ont été causées par le passage de l’outil sur une surface étroite, tel que le plat-bord du canot (EiCw-002 T-10781).
  • Foret (EiCw-002 T-000).
  • Foret (EiCw-002 T-000).
  • Grattoir (EiCw-002 T-000).
  • Grattoir (EiCw-002 T-000).
  • Grattoir (EiCw-002 T-000).
  • Grattoir (EiCw-002 T-000).
Polissoir long de 7 cm ayant aussi été utilisé comme broyeur, probablement d'ocre (EiCw-002 T-10105).

Le rôle de l’ocre

L’ocre peut s’avérer utile dans la fabrication des canots non seulement en raison de ses qualités d’étanchéité et d’adhérence, mais aussi pour ses propriétés colorantes. Sans doute pour se distinguer des autres groupes, chaque peuple avait sa propre manière de fabriquer ses canots, reconnaissables à leur forme particulière. On veillait également à peindre des signes ou des pictogrammes à l’avant de l’embarcation de façon à lui conférer un caractère unique.

Décor d’un canot algonquin construit en 1981 ou avant.
© Musée canadien de l’histoire, III-L-319, CD96-129-37