Selon les saisons

Aujourd’hui, la vie des familles innues est rythmée par les saisons. Plusieurs familles séjournent dans les forêts surtout en automne, alors que d’autres activités sont effectuées plus près de la communauté au cours du printemps et de l’été.

Le long de la rivière Romaine, plus particulièrement de son cours supérieur, les archéologues ont découvert des vestiges de campements établis par des familles innues en déplacement. Ces lieux d’occupation témoignent d’activités saisonnières dans des temps plus anciens.

Les familles se retrouvaient pendant l’été, généralement sur la côte, près du poste de traite ou des villages, où elles échangeaient le fruit de leur chasse contre des biens courants. Elles en profitaient pour chasser dans les îles de Mingan, pêcher le saumon dans les embouchures de rivière et organiser les chasses d’hiver. Cette période était aussi mise à profit pour célébrer les mariages. À la fin de l’été, les familles innues remontaient la Romaine vers l’intérieur des terres pour les grandes chasses d’automne et d’hiver. Le retour vers la côte avait lieu au printemps. Avant l’arrivée de l’avion et de la motoneige, une bonne partie de ce trajet était effectuée en canot.

Nitassinan

Le Nitassinan (ou innu-assi), c’est-à-dire le « territoire », se divise en deux parties, soit le secteur côtier (uinipek, qui évoque l’odeur propre au milieu marin) et l’arrière-pays (nutshimit, en référence à la forêt éloignée).

L’itinéraire séculaire vers le bassin supérieur de la rivière Romaine est bien connu et documenté.

Dans la langue innue, ce mot désigne à la fois le territoire où les amérindiens pratiquent leurs activités et les réserves proprement dites.

Paysage à la rivière Romaine.

Une confluence : un emplacement stratégique

La confluence de la rivière aux Sauterelles et de la rivière Romaine est un endroit idéal où s’installer. L’abondance de ressources, mentionnée par Albert Peter Low (1896) et le père Louis Babel (1866), entre autres, fait de cet endroit un lieu de choix pour l’établissement d’un campement.

Confluence des rivières aux sauterelles et Romaine (PK 282 de cette dernière).

Les familles et l’aménagement de l’espace au fil du temps

Les archéologues ont découvert plusieurs vestiges lors de leurs interventions. Les occupants des lieux ont aménagé des habitations (avec ou sans bourrelet), des fosses et des foyers ; ils ont aussi vidangé leur poêle, en plus d’installer plusieurs autres types de structures constituées de perches. Ces aménagements datant de diverses époques se recoupent sur une superficie de plus de 400 m².

Le site archéologique (ElCw-003) occupé par les familles innues.

Un cumul d’occupation sur des millénaires

En dépit du petit nombre d’éléments probants, les archéologues ont démontré que le site des familles innues (ElCw-003), de grande envergure, a été occupé à plusieurs reprises de la préhistoire au XXe siècle.

La présence humaine le long de la rivière

Les données acquises au cours de recherches archéologiques qui se sont échelonnées sur près de 20 ans montrent que le bassin de la Romaine a accueilli ses premières populations humaines il y a environ 6 500 ans. Le territoire n’a cependant pas été occupé de façon continue ni selon la même intensité au cours des sept derniers millénaires.

Champs de dunes le long de la rive droite de la Romaine, dans le secteur des sites ElCw-005 et ElCw-006. Les dunes ont été formées par les vents charriant le sable après un important incendie de forêt.