Les articles de table comprennent quelques assiettes, des bols, des gamelles et des tasses avec leurs soucoupes. En plus d’une cuillère et d’un couteau de table, on a dégagé un couteau tranchant, servant sans doute au découpage de la viande, dont seulement la partie en métal a résisté au temps. Un ouvre-boîte, certainement très utile, a également été récupéré parmi les décombres. Au vu du grand nombre de boîtes de conserve présentes sous le toit effondré, il semble que le trappeur ait veillé à entreposer des denrées alimentaires en vue de la préparation de ses repas. Il avait une préférence pour les contenants de métal émaillés blanc.
Contrairement aux récipients de table, de cuisson et de préparation des aliments, les contenants d’entreposage ne se trouvaient pas uniquement à l’intérieur de la cabane. La plupart des conserves, vidées de leur contenu, jonchaient le sol autour de la cabane. Vraisemblablement, le trappeur gérait ses déchets sans égard à son environnement !
Le menu
Certaines conserves portent des inscriptions indiquant leur contenu, par exemple le lait en poudre Klim, le café dont la marque a disparu, les œufs en poudre Rola eggs, une bouteille de vinaigre Canada Vinegars limited, les pommes de terre en poudre Graham’s Vegetables […] Potatoes, le chocolat en poudre Fry’s Cocoa ainsi que l’essentiel seau de lard dont la marque n’a pu être établie. En outre, plusieurs bocaux vides de condiments, marinades ou confitures Raymond entouraient la cabane. Ces objets procurent un aperçu intéressant des préférences alimentaires du trappeur.
Comme le trappeur ne pouvait manger de légumes frais, il est fort possible que certains bocaux contenaient des réserves de concombres, de betteraves ou de maïs. Pour les fruits, en plus des confitures Raymond, il semble qu’il ait apporté des confitures maison contenues dans un pot Clark’s Pantry. Bien que la marque Brookfield du beurre évoque davantage les États-Unis, il était fabriqué au Canada.
Né à Sainte-Anne-de-Beaupré, Alphonse Raymond, fils de marchand, s’est installé à Montréal en 1902 pour y ouvrir une épicerie. Trois années plus tard, en 1905, il a ajouté à ses propriétés une petite conserverie de la rue Plessis, à proximité de la rue De La Gauchetière. Il s’est alors lancé dans la fabrication de confitures, de condiments et de marinades. Son entreprise a connu une expansion rapide. Dès 1913, il a construit une nouvelle usine dans la rue Panet, au sud de la rue Ontario. Parmi les produits commercialisés par l’entreprise Raymond, l’un se démarque par son goût et ses ingrédients naturels : la célèbre confiture de fraises, à l’honneur sur les tables montréalaises et d’ailleurs.
Le trappeur buvait du café et affectionnait les produits sucrés. Il préparait apparemment des tasses de boisson chocolatée à l’aide du mélange en poudre Ovaltine, se faisait des tartines avec le caramel Mackintosh’s Toffee de luxe et possédait du cacao Fry’s. Son alimentation se composait en outre d’œufs en poudre, de pommes de terre en poudre, de thé Lipton, de graisse et de vinaigre canadien. Ces denrées ont été transportées sur place par le trappeur solitaire, mais d’autres éléments de son régime alimentaire n’ont laissé aucune trace en raison de la nature périssable de leur emballage, comme la farine ou le sucre, à la base de la fabrication du pain et des gâteaux. Tout au moins, les nombreux moules à pain, à pâté et à gâteau mis au jour dans la cabane indiquent que le trappeur a utilisé ces ingrédients. On ne connaît pas non plus quel était l’apport exact du gibier provenant de ses chasses et de son piégeage.
Il existe aussi un « pain du trappeur » fait de farine sans levain, de saindoux, de sel et d’eau, puis cuit en broche sur la braise. Cette recette pouvait provenir des Écossais. Ceux-ci cuisaient un pain à base d’orge, de farine de pois ou d’avoine sur une pierre préalablement chauffée sur le feu. On sait aussi que des communautés autochtones avaient une recette pour leur propre pain, la banique. Ils fabriquaient leur farine à partir de végétaux comme le maïs ou le rhizome de fougères. Avec l’arrivée des Européens, les Amérindiens ont adopté la farine commerciale. La cuisson du pain pouvait se faire sur un bâton au-dessus de la braise, dans le sable, ou sur un poêle. Il n’est pas exclu que le trappeur solitaire ait cuit et mangé ces pains écossais ou amérindiens.
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